Le programme le « Banc de l'amitié » se révèle efficace pour soulager les symptômes de maladie mentale

Dans une étude menée au Zimbabwe, la thérapie du Banc de l'amitié a réduit la prévalence de la dépression à moins de 14 %, comparativement à 50 % dans le groupe témoin; Le premier modèle de soins de santé mentale communautaires déployé à l'échelle en Afrique a permis de diagnostiquer et de traiter plus de 27 500 personnes pour des troubles de santé mentale communs.


TORONTO, ON et HARARE, ZIMBABWE--(Marketwired - 27 décembre 2016) - Leurs bureaux sont de simples sièges en bois, appelés Bancs de l'amitié, installés sur le site des cliniques de santé autour de Harare et d'autres grandes villes du Zimbabwe.

Les praticiens sont des travailleurs de la santé de première ligne dans la collectivité, connus sous le nom de " grands-mères ", qui sont formés pour écouter et soutenir les patients vivant avec l'anxiété, la dépression et d'autres troubles mentaux courants.

Mais l'impact, mesuré dans une étude inédite, montre que cette approche innovante pourrait améliorer sensiblement la vie de millions de personnes ayant des problèmes de santé mentale de modérés à sévères dans les pays où l'accès au traitement est limité ou inexistant.

Financé par le gouvernement du Canada par l'entremise de Grands Défis Canada, l'essai contrôlé randomisé a été mené par l'Université du Zimbabwe, la London School of Hygiene & Tropical Medicine et le King's College de Londres. L'étude est publiée aujourd'hui dans JAMA, la revue médicale la plus largement diffusée dans le monde.

Six mois après avoir participé à six séances hebdomadaires de " thérapie de résolution de problèmes " sur le Banc de l'amitié, les participants montraient des différences significatives dans la gravité de la dépression, de l'anxiété et des pensées suicidaires, selon des questionnaires sur la dépression et l'anxiété validés localement, soit le Questionnaire Shona sur les symptômes (SSQ), le Questionnaire sur la santé du patient (PHQ) et l'échelle des troubles d'anxiété généralisés (GAD). Les résultats sont frappants.

Les patients souffrant de dépression ou d'anxiété qui ont reçu la thérapie de résolution de problèmes par le biais du Banc de l'amitié avaient une probabilité plus de trois fois moins élevée de montrer des symptômes de dépression après six mois, comparativement aux patients qui avaient reçu des soins standard. Ils étaient aussi quatre fois moins susceptibles de montrer des symptômes d'anxiété et cinq fois moins susceptibles d'avoir des pensées suicidaires que le groupe témoin après le suivi.

La moitié des patients ayant reçu des soins standard montraient encore des symptômes de dépression comparativement à 14 % de ceux qui avaient été traités sur le Banc de l'amitié (selon le PHQ). En outre, 51 % des patients ayant reçu des soins standard montraient encore des symptômes d'anxiété par rapport à 12 % des patients traités sur le Banc de l'amitié (selon le GAD); enfin, 12 % des patients ayant reçu des soins standard avaient encore des pensées suicidaires par rapport à 2 % de ceux traités sur le Banc de l'amitié (selon le SSQ).

L'intervention du Banc de l'amitié s'est aussi révélée utile pour améliorer l'état de santé de personnes parmi les plus vulnérables. Ainsi, 86 % des participants à l'étude étaient des femmes, plus de 40 % étaient des personnes séropositives et 70 % avaient été victimes de violence domestique ou atteintes d'une maladie chronique.

L'auteur principal de l'étude, le Dr Dixon Chibanda, psychiatre conseil à Harare, est le cofondateur du réseau du Banc de l'amitié, qui vise à répondre à la grave pénurie de traitements fondés sur des données probantes pour les personnes souffrant de troubles mentaux au Zimbabwe, un problème répandu dans toute l'Afrique.

Alors qu'environ 25 % des patients recevant des soins primaires au Zimbabwe souffrent de dépression, d'anxiété et d'autres troubles mentaux courants, ce pays (population de 15 millions d'habitants) ne dispose que de 10 psychiatres et de 15 psychologues cliniciens.

" Les troubles mentaux courants imposent un énorme fardeau à tous les pays d'Afrique sub-saharienne, " a expliqué le Dr Chibanda. " Développé au fil de 20 années de recherche au niveau communautaire, le Banc de l'amitié permet aux gens d'éprouver un plus grand sentiment d'adaptation et de contrôle sur leur vie en leur enseignant une manière structurée d'identifier les problèmes et de trouver des solutions pratiques. "

Ayant reçu 1 M $CAN en financement de Grands Défis Canada plus tôt cette année, le Banc de l'amitié a, depuis, été étendu à 72 cliniques dans les villes de Harare, Gweru et Chitungwiza (population totale de 1,8 million d'habitants). Dans le cadre d'une collaboration avec un programme psychiatrique de Médecins Sans Frontières au Zimbabwe, le Banc de l'amitié travaille à créer le plus vaste programme de santé mentale en Afrique sub-saharienne.

À ce jour, plus de 27 500 personnes ont eu accès à un traitement.

" Dans les pays en développement, près de 90 % des gens souffrant de troubles mentaux ne peuvent avoir accès à un traitement ", explique le Dr Peter A. Singer, chef de la direction de Grands Défis Canada. " Nous avons besoin d'innovations comme le Banc de l'amitié afin de renverser les proportions, c'est-à-dire pour passer de 10 % des gens recevant un traitement, à 90 % de gens qui reçoivent un traitement. "

" Dans de nombreuses régions d'Afrique, si vous êtes pauvre et atteint d'une maladie mentale, vos chances d'obtenir un traitement adéquat sont presque nulles ", explique la Dre Karlee Silver, vice-présidente aux Programmes de Grands Défis Canada. " Au Zimbabwe, les choses sont en train de changer grâce au Banc de l'amitié, le premier projet ayant le potentiel de rendre les soins de santé mentale accessibles à toute une nation africaine. "

En 2017, l'équipe se concentrera sur l'expansion du modèle pour rejoindre d'autres populations vulnérables, notamment les jeunes et les réfugiés. En partenariat avec l'ONG suédoise SolidarMed, l'équipe a l'intention d'étendre l'application de ce modèle dans la province de Masvingo, puis dans les centres de réfugiés des hautes terres de l'est, à la frontière avec le Mozambique.

" En collaboration avec le ministère de la Santé du Zimbabwe, l'équipe du Banc de l'amitié a pu développer substantiellement les services offerts à certaines des personnes les plus démunies de la collectivité ", explique le Dr Shekhar Saxena, directeur, Département de la santé mentale et de l'abus de substances, à l'Organisation mondiale de la Santé. " En soutenant l'adoption d'innovations en santé mentale comme le Banc de l'amitié, le Canada contribue à inverser la tendance dans la problématique de la santé mentale dans le monde. "

Publiée aujourd'hui dans JAMA et appuyée par Grands Défis Canada, l'étude a été réalisée entre septembre 2014 et juin 2015. En voici les éléments saillants :

  • Recrutement de participants dans 24 cliniques de soins primaires d'Harare, répartis entre un groupe d'intervention (287 participants) et un groupe témoin (286 participants). Nombre total de participants : 573.
  • Les participants étaient tous âgés d'au moins 18 ans (âge médian de 33 ans).
  • Tous les participants avaient obtenu un score de 9 ou plus au Questionnaire Shona sur les symptômes à 14 niveaux (SSQ-14), une mesure autochtone des troubles mentaux courants en langue Shona au Zimbabwe (http://bit.ly/2h2SQch). Les changements dans la dépression ont été mesurés en utilisant l'échelle PHQ-9.
  • Ont été exclus de l'étude les patients ayant une intention suicidaire (ceux qui étaient cliniquement déprimés avec des pensées suicidaires et un plan de suicide), les personnes en phase terminale du sida, celles qui recevaient déjà des soins psychiatriques, celles qui étaient enceintes ou dans les 3 mois suivant un accouchement, celles qui présentaient une psychose, étaient intoxiquées ou atteintes de démence (ces patients ont tous été orientés vers une clinique de niveau supérieur à Harare).
  • Le groupe témoin a reçu des soins standard (évaluation par une infirmière, bref counseling de soutien, médicaments, renvoi en consultation à un psychologue clinique ou à un psychiatre, et prescription de fluoxétine au besoin), ainsi qu'un enseignement sur les troubles mentaux courants.
  • Les participants au groupe d'intervention se sont réunis sur un banc en bois dans l'enceinte de cliniques municipales avec des travailleurs de la santé de première ligne formés et encadrés, populairement appelés " grands-mères " (âge médian de 53 ans), qui leur ont offert une thérapie de résolution de problèmes à trois volets - " ouverture de l'esprit, soutien moral de la personne, et renforcement subséquent. "
  • Des séances hebdomadaires de 45 minutes ont eu lieu pendant six semaines, avec un programme optionnel de soutien de groupe de 6 séances.
  • Les " grands-mères " ont utilisé des tablettes et des téléphones mobiles pour être en contact avec des services de soutien spécialisés. Elles ont également utilisé une plate-forme nuagique intégrant les volets formation, dépistage, orientation des patients et suivi du projet du Banc de l'amitié.
  • Après trois séances individuelles, les participants étaient invités à se joindre à un groupe dirigé par des pairs, appelé Cercle Kubatana Tose - " se tenir la main ensemble " - qui offrait le soutien d'hommes et de femmes ayant déjà bénéficié du Banc de l'amitié. Lors de ces réunions hebdomadaires, les gens partageaient leurs expériences personnelles tout en crochetant des sacs à main fabriqués à partir de matières plastiques recyclées, ce qui constituait une compétence génératrice de revenus pour les participants.

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