CRADI: Ça devrait être interdit de s'en prendre aux plus démunis!


MONTRÉAL, QUÉBEC--(Marketwired - 3 oct. 2014) - La Semaine des droits des usagers se termine un peu mieux qu'elle avait commencé. En effet, le Premier ministre et le ministre de la Santé et des Services sociaux ont dit qu'il n'était pas question d'enlever l'allocation de fréquentation aux usagers qui ont une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l'autisme (TSA) qui fréquentent des milieux de stage.

Ouf! On a eu chaud ! Rappelons qu'au cours des dernières années cette allocation a été coupée presque partout au Québec et que les gouvernements successifs ont approuvé ces décisions ainsi que la coupure de services socioprofessionnels destinés à ces usagers. Ceci montre le peu de cas que font souvent les décideurs des personnes ayant une déficience intellectuelle et de leur intégration sociale. Maintenant que le Ministre a demandé le rétablissement de ces allocations à Montréal, que va-t-il exiger des centres de réadaptation? Quel genre de compressions devront-ils faire pour répondre à la commande du ministre?

Les centres de réadaptation sont appelés à couper dans le gras, mais y a-t-il encore du gras dans ces établissements? On le cherche mais on trouve plutôt un régime minceur voire maigreur. En effet, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, on coupe et on coupe encore. On redoute maintenant une nouvelle augmentation des listes d'attente, une détérioration de la qualité des services, un alourdissement de la charge de chaque intervenant, une comptabilisation de leur temps comme sur une chaîne de montage. Pourtant il n'y a rien de plus imprévisible que le travail auprès d'humains surtout s'ils sont en détresse. Une chance que des intervenantes et des intervenants continuent de donner le meilleur d'eux-mêmes. Mais il y a des limites!

À les regarder aller, on se demande si certains décideurs ne voient les personnes qui ont une DI ou un TSA comme des numéros de dossiers affublés de délais d'attente. Dans l'objectif du déficit zéro, le gouvernement affirme que tous et toutes doivent faire leur part, comme si tous avaient les mêmes besoins et les mêmes capacités de contribuer. À cela s'ajoute l'annonce d'une réforme de structure dont le citoyen serait le cœur. Le Comité régional des associations pour la déficience intellectuelle (CRADI) est terriblement inquiet; depuis 1989, il en a vu des réformes de structure dont de nombreuses fusions et des périodes de grandes compressions budgétaires. Durant toutes ces années de défense des droits des personnes qui ont une DI ou un TSA et de leur famille, il a eu l'occasion de constater que les réformes n'ont pas amélioré les services aux personnes, qu'elles provoquent de la confusion et compliquent terriblement l'accès aux services en plus d'être toutes très coûteuses.

Qu'on cesse de prendre les citoyens pour des novices. On a vu et entendu, cette semaine, des interventions d'usagers choqués du sort qu'on leur réservait. Pourquoi s'en prendre aux plus démunis? Parce qu'ils ne diront rien?

Associé aux interventions de Compagnons de Montréal entendues en début de semaine sur les ondes de Radio-Canada, le CRADI continuera de se faire entendre. Il demande que le Ministère confirme le rétablissement de l'allocation dans les centres de réadaptation de Montréal, ainsi que dans le reste de la province, et ce, dans l'attente de remplacer cette allocation par un mode de rémunération plus en rapport avec le travail effectué par les personnes. Il demande qu'une nouvelle circulaire vienne baliser l'application de l'allocation de fréquentation partout au Québec. Il ne veut surtout pas que le rétablissement de cette allocation soit comblé par d'autres coupures de services.

Le CRADI attend l'annonce d'orientations en matière d'apprentissage aux habitudes de travail et d'intégration en emploi à l'égard des personnes ayant une DI ou un TED, prévue pour la semaine prochaine, pour préciser ses demandes en matière d'activités de jour, d'activités socioprofessionnelles et d'emploi. Il ajoute que toute réduction de services contribuerait à exclure les personnes ayant une DI ou un TSA du marché du travail.

Le CRADI rappelle au premier ministre Couillard que lorsqu'il était ministre de la santé dans le gouvernement Charest, il s'est engagé lui-même, en 2004, en signant la déclaration de Montréal sur la déficience intellectuelle, à améliorer les conditions de vie de ces personnes. En 2007, suite à des interventions du Mouvement des personnes handicapées pour l'accès aux services (PHAS), il avait admis que le secteur de la déficience intellectuelle avait été négligé dans les précédents budgets. C'est le temps maintenant qu'il tienne ses engagements!

Le CRADI regroupe une trentaine d'organismes œuvrant en déficience intellectuelle et troubles du spectre de l'autisme dans la région de Montréal. Il a pour mission de défendre les droits et intérêts des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA, ainsi que de leur famille; il est le porte-parole du milieu associatif montréalais en déficience intellectuelle et TSA.

Renseignements:

Source :
Thérèse Colin, Directrice
Comité régional des associations pour la
déficience intellectuelle
Therese.colin@cradi.com
(514) 255-8111