Le gouvernement conservateur fait un poisson d'avril à la population du Canada en imposant la "règle des quatre ans"

La réforme récente du Programme des travailleurs étrangers temporaires est pour ainsi dire tout à fait insensée puisqu'elle pénalise tant les travailleuses et les travailleurs qui sont originaires du Canada que celles et ceux qui viennent directement d'autres pays et que, de ce fait, elle ne pourra que nuire à l'économie.


TORONTO, ONTARIO--(Marketwired - 31 mars 2015) - Demain (le 1er avril), le gouvernement conservateur de Stephen Harper commencera à appliquer sa fameuse règle implacable des quatre ans, ce qui causera un tort considérable aux travailleuses et aux travailleurs de toutes les origines et de toutes les catégories. Dès cet instant, des conséquences catastrophiques s'en feront sentir. Précisément, les migrants des classes de la main-d'œuvre que l'on considère comme peu qualifiée dans le cadre de la structure désarticulée de l'État fédéral qui s'appelle le Programme des travailleurs étrangers temporaires n'auront plus le droit de revenir travailler en territoire canadien pendant une période de quatre ans suivant toute durée de quatre années consécutives au cours de laquelle ils l'auront fait.

Il s'agit donc là d'un poisson d'avril que le gouvernement conservateur fait aux travailleuses et aux travailleurs en général qui se trouvent au Canada et il n'y a pas de quoi rire. En effet, les travailleurs migrants qui viennent régulièrement au Canada depuis quatre ans pourraient s'en voir expulser par milliers. De même, quant à d'autres travailleuses et travailleurs qui sont originaires de l'étranger tels que les aides familiales résidantes et les aides familiaux résidants, ils risquent d'être finalement incapables d'obtenir la résidence permanente même après des années de peine, loin de leurs familles. Également, comme si tout cela ne suffisait pas, l'État fédéral pourrait décréter que tout travailleur migrant qui a subi des préjudices à cause du Programme des travailleurs étrangers temporaires ou a été contraint par son employeur d'assumer les frais de service d'une agence de recrutement du personnel peut être tenu de rentrer dans son pays. Ainsi, en deux mots, les travailleurs migrants seraient alors lésés deux fois coup sur coup.

« Alors que les TUAC Canada et les organisations de défense des droits des travailleurs migrants qui sont présentes aux quatre coins du pays demandent que l'on facilite de diverses manières la démarche aux travailleuses et aux travailleurs de l'étranger désirant acquérir la résidence permanente au Canada, c'est-à-dire, par exemple, en la leur accordant dès qu'ils arrivent en territoire canadien, la règle des quatre ans en question les placera dans une situation de vulnérabilité encore plus grave que celle qu'ils connaissent actuellement, et ce, comme si les circonstances dans lesquelles ils travaillent ici n'étaient pas déjà assez précaires », déclare le président national des TUAC Canada, Paul Meinema.

Après avoir entendu le gouvernement conservateur se vanter, comme il le fait depuis peu, de donner la priorité absolue aux Canadiennes et aux Canadiens, on pourrait croire que, à tout le moins, la dernière réforme de ce programme sera bénéfique pour les résidentes permanentes et les résidents permanents ainsi que pour les gens de toutes les origines qui possèdent la citoyenneté canadienne dans la mesure où elle fera diminuer le taux de chômage au pays. Or, à supposer que tel soit bel et bien le but recherché, ce n'est en aucun cas grâce à un procédé qui est aussi mal défini que celui-là qu'on aura des chances de réussir à l'atteindre.

Justement, sur ce point, monsieur Meinema ajoute : « En élaborant la règle des quatre ans, on n'a prévu aucun programme ni aucune mesure de formation, de perfectionnement des compétences ou de remise au travail de la main-d'œuvre visant à faire baisser le taux de chômage au Canada. »

Par ailleurs, il existe des employeurs, dont le personnel est syndiqué, qui ont récemment collaboré avec diverses sections locales des TUAC Canada afin de veiller à ce que des milliers de travailleurs migrants s'inscrivent, s'ils ne l'avaient déjà fait, aux programmes des candidates et candidats des provinces où ils se trouvent respectivement en vue de finir par devenir résidents permanents et, enfin, d'obtenir la citoyenneté canadienne. En outre, ce sont ces employeurs qui ont consacré des millions de dollars au financement de dispositions servant à assurer le recrutement, les déplacements, l'hébergement, la formation et l'équipement des travailleuses et travailleurs.

« Malheureusement, c'est en pure perte que ces employeurs auront énormément investi de la sorte si, en vertu de la règle des quatre ans, le travailleur migrant est renvoyé dans son pays d'origine. Ensuite, ils n'auront d'autre choix que de mobiliser à nouveau toutes ces ressources dans le but de pouvoir bénéficier des services d'un autre groupe de travailleurs migrants. Dans le même ordre d'idées, voici une analogie qui serait pertinente : pensons au propriétaire d'une entreprise qui, pour une raison ou pour une autre, serait obligé de renouveler complètement sa machinerie ou de rénover entièrement ses installations tous les quatre ans. Alors, de ce point de vue, la règle des quatre ans serait parfaitement absurde aux yeux de toute personne qui est tant soit peu douée en matière de gestion d'une entreprise », précise encore le président national des TUAC Canada.

À titre d'organisation syndicale la plus importante du pays, les TUAC Canada font partie de l'alliance des travailleurs migrants recherchant le changement (en anglais, Migrant Workers Alliance for Change ou, par abréviation, MWAC). En bénéficiant du concours d'organisations variées du milieu communautaire qui sont associées à celle-ci et contribuent à assurer le succès de ses activités, cette coalition a préparé une pétition dont les signataires exigent de Stephen Harper qu'il abolisse la règle des quatre ans pour la remplacer par un système d'immigration qui soit progressiste et, sur le plan économique, réellement viable tout en traitant les travailleuses et les travailleurs autrement que comme une marchandise jetable. Effectivement, c'est en agissant de concert que toutes et tous pourront être à même de faire en sorte que, au Canada, un jour, tout le monde ait la possibilité de mener une vie heureuse et satisfaisante.

Renseignements:

TUAC Canada
Naveen Mehta, Conseiller juridique principal
et directeur du Service des droits de la personne,
de l'équité et de la diversité
416 679-3406
naveen.mehta@tuac.ca / www.tuac.ca